Vassal du Saint-Empire romain germanique
Le comté de Bourgogne, créé vers 982, est un fief du Royaume de Bourgogne formé par l’union des quatre circonscriptions administratives carolingiennes (pagi Bourgogne) : Amous (région de Saône, Ognon et Doubs), Escuens (région de Château-Chalon ), le Portois (région Port-sur-Saône) et le Varais (région entourée par le « M » formé par le tracé du Doubs). A l’origine, son territoire correspondait approximativement à l’actuelle région de Franche-Comté sans le Territoire de Belfort et le Pays de Montbéliard. En 1032 le comté est en proie à une crise : la succession de Bourgogne. Le conflit qui eut lieu entre 1032 et 1034 opposa Eudes II de Blois, plus proche parent du roi défunt, et l’empereur du Saint-Empire romain germanique Conrad le Salique (ou Conrad II), défenseur des dispositions testamentaires de feu le roi Rodolphe III. en faveur de son fils, le futur Henri III[1]. La résolution de ce conflit verra le royaume de Bourgogne entrer dans le Saint Empire romain germanique.
L’apparition de la « Franche-Comté »
À la suite des luttes de pouvoir, l’archevêque de Besançon Hugues Ier de Salins, qui avait soutenu l’empereur, obtient en 1043 les droits royaux sur Besançon. et le titre de noblesse de prince-évêque, ainsi que pour ses successeurs. Cela fait de la ville un état ecclésiastique, se détachant de l’autorité du comté de Bourgogne, et dépendant uniquement du pape et de l’empereur. La principauté épiscopale de Besançon forme alors une enclave au sein de la province, acquérant son autonomie en tant que ville libre impériale sous l’autorité de l’empereur romain germanique. En 1049, c’est le pape Léon IX, ami d’Hugues Ier de Salins, lors d’une visite à Besançon, qui confirme l’autorité apostolique, politique et judiciaire de l’archevêque sur la ville de Besançon[2]. En 1127, le comte de Bourgogne Renaud III entre en conflit avec les empereurs successifs, Lothaire II et Conrad III de Hohenstaufen, refusant de reconnaître leur suzeraineté. Conrad III confisque les terres de Renaud III et les concède à Conrad de Zähringen. Renaud III entre alors en guerre contre Conrad III, mais battu par Conrad de Zähringen, il doit lui céder ses possessions à l’est du Jura. Suite à cet événement, il est surnommé le franc-comte, ce qui sera à l’origine du nom de la région Franche-Comté.
Conflits européens et annexion par la France
En 1290, un conflit entre laïcs et clercs voit Besançon s’affranchir du pouvoir des archevêques, tout en restant soumis à l’empereur, mais pas au comte de Bourgogne. Elle forme la ville libre de l’Empire de Besançon et se gouverne, grâce à un conseil de vingt-huit notables élus au suffrage universel masculin à plusieurs échelons et un conseil de quatorze gouverneurs nommés par les notables. Othon IV, duc de Bourgogne, en réponse, demanda le soutien de la France. Le 2 mars 1295, par la convention de Vincennes, il décide de vendre le comté au roi de France, Philippe le Bel. Le comté de Bourgogne passe pour la première fois sous l’influence française, bien qu’il soit encore sous suzeraineté germanique. Au cours des siècles suivants, le royaume de Bourgogne connut de nombreuses guerres de successions et d’indépendances contre ses voisins, la France et le Saint Empire romain germanique, et fut finalement conquis par la France lors de la guerre de Hollande en 1674, devenant la région française de Franche-Comté.
- [1]WOLGRAM Herwig, Conrad II, 990-1039: Emperor of Three Kingdoms, University Park, PA, Penn State Press, 2010, 475 p.
- [2]RICHARD Jean François Nicolas, Histoire des diocèses de Besançon et de Saint-Claude, t. 1, Besançon, Librairie ecclésiastique de Cornu, 1847, 637 p.