L’Université de Franche-Comté a une histoire un peu particulière par rapport à celle des autres universités. Elle est notamment connue pour avoir complètement changé de nom et de ville d’affiliation au cours de son existence. À l’origine, l’Université de Franche-Comté a été fondée en 1423 à Dole, qui était la capitale de la région au XIIIe siècle. Il est resté dans la ville de Dole et était connu sous le nom d’Université de Dole jusqu’au XVIIe siècle, lorsque la France a envahi la région sous le règne de Louis XIV. L’université est transférée à Besançon qui devient également la nouvelle capitale de la région, et l’établissement est rebaptisé Université de Franche-Comté.
1287 : la tentative d’Othon IV à Gray
Peu de gens savent qu’il y a eu deux tentatives de création de l’université en premier lieu. Othon IV décida le premier d’établir une université à Gray en 1287, dans son comté, encore indépendant du royaume de France et du Saint Empire romain germanique. Le prince, qui a lutté durant tout son règne avec des voisins agressifs et un affaiblissement de son propre pouvoir personnel, a probablement compris que s’il voulait redonner une présence et une existence réelles à ce pouvoir, il devait le soutenir par une solide assise administrative. capacité ainsi qu’un domaine organisé. A cet effet, il réalise deux ambitieuses chartes[1], celle d’août 1287 affirmant vouloir créer à Gray, une de ses villes, un studium generale[2] disposant de tous les éléments nécessaires au bon fonctionnement, élèves et professeurs. tout d’abord, ainsi que des privilèges étendus comme la liberté personnelle, l’exemption des obligations militaires et de toutes les charges financières personnelles. Le choix de Gray paraît curieux, étant donné que c’était loin d’être une ville importante. Alors que le comte était contraint de choisir Besançon, qui était sous la juridiction du Saint Empire romain germanique, Gray était une petite ville isolée des grands centres de population et d’activité de l’époque. Othon IV a décidé apparemment parce qu’on lui a « donné une population plus dense, plus commerçante et sereine que celle des montagnes environnantes »[3]. Cependant, il n’obtint l’autorisation du pape qu’en 1291. A cette époque, son projet avait été revu à la baisse, la seconde carte n’évoquant qu’« une étude des clercs », ce qui la restreindrait à la théologie plutôt qu’au canon et au droit civil. . Au final, seul un petit centre littéraire ouvrira à Gray.[4]
- [1]FOURNIER Michel, Les Status et Privilèges des Universités Françaises depuis leur fondation jusqu’en 1789, Paris, L.Larose et Forcel, 1892
- [2]Latin name given to universities in the Middle-Ages
- [3]GENEVRIER G. (2009). Une ville comtale de marche : Gray et son aire d’influence (fin XIII-début XVIe siècle) [Thèse de doctorat, Besançon]. Bibliothèque universitaire Lettres (Besançon)
- [4]BEAUNE, H., & D’ARBAUMONT, J. (1870). Les Universités de Franche-Comté : Gray, Dole, Besançon: documents inédits publiés avec une introduction historique. J. Marchand. p. XIII
- [5]THEUROT, J. (2020). Le pouvoir et le savoir. L’Université de Dole, une université pour les terres de Bourgogne, des années 1420 à 1479. EU de Dijon. p. 91
1423 : Naissance de l’université de Dole
La seconde fondation, et celle qui a réussi, s’est faite sous l’autorité de Philippe III le Bon. Dès qu’il prit le pouvoir des principautés formant son domaine après le 10 septembre 1419, il envisagea la possibilité de fonder une université pour les mêmes raisons que son prédécesseur Othon IV, former des hommes utiles et savants pour son administration. Le duc décide de créer l’université à Dole, capitale du comté de Bourgogne. La ville de Dole possède de nombreuses caractéristiques qui vont la rendre attractive pour les projets de Philippe : une situation centrale dans l’espace bourguignon, quasiment à l’emplacement exact de la limite entre le duché et le comté, un accès fluvial par le Doubs, ainsi comme, à l’instar des termes employés par Othon IV, des « conditions tranquilles » qui satisferaient une atmosphère d’étude, avec à peine 800 habitations. aider à l’enseignement théologique.[5] Le projet se heurta à l’opposition de la ville de Gray, qui se souvenait encore du projet d’Othon IV et tenta de faire appel au pape pour obtenir que l’université soit créée dans ses murs. La chancellerie romaine, prudente, contourna la difficulté en évitant de se prononcer de manière absolue sur la désignation de la ville et se contenta d’insérer dans la bulle d’érection qu’on examinerait si Dole n’était pas un lieu plus approprié que Gray et la demande de ce dernier était rejetée après de longues négociations, bien que ces négociations aient été pour la plupart factices et n’aient servi qu’à apaiser les revendications des habitants de Gray.